"L'antisémitisme est un délit, l'antisionisme est un devoir !"


En aucune manière, les militant-es de la solidarité avec la Palestine occupée que nous sommes n'ont à voir avec les accusations d'antisémitisme que leur lancent au visage les défenseurs du projet sioniste israélien.

 

La confusion médiatique, volontaire ou pas entre ce qui est un délit (et qui doit le rester) et une opinion (qui doit être défendue) n'arrange pas les choses. Récemment, les actes relevant d'un antisémitisme réel (inscriptions néo-nazies sur des magasins à Paris, insultes publiques contre l'académicien Finkelkraut ou encore le saccage récent d'un cimetière juif en Alsace) prouvent évidemment qu'il n'est jamais loin et que la machine infernale peut redémarrer à tout moment. La vigilance collective s'impose, la solidarité avec les victimes aussi comme avec celles de tous les racismes qui gangrènent notre société.

 

Autre chose, est d'exploiter l'antisémitisme à des fins politiques soit pour disqualifier aux yeux de l'opinion publique un mouvement social de masse comme celui des Gilets Jaunes ou bien, et là encore ce n'est pas nouveau, d'accuser toute critique de la politique israélienne d'être l'expression consciente ou non d'en être une forme nouvelle.

 

C'est ce que vient de refaire, Emmanuel Macron, devant le dîner annuel du Crif, mercredi 20 février quand il a réaffirmé : "l'antisionisme est une des formes modernes de l'antisémitisme".

 

En annonçant que la France allait adopter la définition juridique de l’antisémitisme dite "IHRA" *, promue par l’État d’Israël, puis en condamnant l’action non violente et citoyenne du mouvement BDS, lancé par la société civile palestinienne et soutenue par de nombreuses voix juives antisionistes, le Président français jette de l'huile sur le feu et se fait complice, une fois de plus de la politique israélienne. Réinventer, en 2019, une sorte de délit d'opinion, n'est évidemment pas fait pour calmer les esprits !

 

*http://www.france-palestine.org/IMG/pdf/afps_definition_ihra_antisemitisme.pdf 

 

C'est aussi une escroquerie intellectuelle dangereuse pour la liberté d'expression de ceux qui (juifs ou non-juifs) critiquent le projet sioniste défendu par le gouvernement réactionnaire de Netanyahou.

 

L'Alliance internationale de la mémoire de l'Holocauste donne une définition plus que générale de l'antisémitisme (IHRA) : « L’antisémitisme est une certaine perception des Juifs, qui peut s’exprimer par la haine envers les Juifs. Les manifestations rhétoriques et physiques de l’antisémitisme sont dirigées contre des personnes juives ou non-juives et/ou leur propriété, contre les institutions de la communauté juive ou les lieux religieux. » 

 

MAIS à cette définition assez large, elle ajoute que les manifestations de cet antisémitisme "peuvent inclure le ciblage de l'Etat d'Israël, conçu comme une communauté juive. Toutefois, les critiques d'Israël à un niveau semblable à celles formulées à l’encontre d’un autre pays ne sauraient être considérées comme antisémites."

 

Les partisans-es du "grand israël" et de l'extension des colonies en Palestine occupée vont donc pouvoir se saisir de la position française pour tenter d'empêcher l'expression démocratique de la solidarité avec le peuple palestinien victime quotidiennement de cette politique.

 

Pour nous si "l'antisémitisme est un délit, l'antisionisme est un devoir !", et rien ni personne ne nous empêchera d'exprimer notre solidarité ! 


COMMUNIQUE de l'AFPS après le discours d'E. Macron.

Aux ordres d’Israël, Macron a choisi de diviser la France

 

Le lamentable discours du président de la République au dîner du CRIF a mis à bas tous les espoirs d’un mouvement authentique et citoyen contre l’antisémitisme, alors même que le président et plusieurs membres du gouvernement avaient, dans la journée de mardi, mis en garde contre la manipulation du concept d’antisionisme.

 

En reprenant la confusion entre antisionisme et antisémitisme, en annonçant l’adoption de la définition de l’antisémitisme dite "IHRA" [1], promue par l’État d’Israël, en condamnant l’action non violente et citoyenne qui dénonce - par les actions Boycott Désinvestissement Sanctions (BDS) - les crimes de l’État d’Israël, en mettant en cause ainsi celles et ceux qui réclament seulement l’application du Droit International et les résolutions de l’ONU, Emmanuel Macron a fait le choix de l’instrumentalisation et de la division. Nous ne nous laisserons pas impressionner par cette pseudo définition IHRA qui ne saurait avoir force de loi et qui n’est introduite qu’à des fins de pure propagande.

 

Nous avons assisté à un revirement spectaculaire en moins de 24 heures qui en dit long sur le pouvoir d’influence du gouvernement israélien et de ses relais en France.

 

Entre une lutte sincère et unitaire contre toutes les formes de racisme dont l’antisémitisme, et une instrumentalisation au service d’un État criminel, Emmanuel Macron a choisi, en toute connaissance de cause, la deuxième option. C’est une journée noire pour notre République, et une marque indélébile sur le quinquennat d’Emmanuel Macron.

 

Soumis à une répression féroce et à un processus continu de dépossession, le peuple palestinien a plus que jamais besoin du soutien du peuple français pour parvenir à faire aboutir ses droits élémentaires : nous le lui apporterons dans la plus grande unité et dans le respect de nos principes qui excluent toute forme de racisme ou d’antisémitisme.

 

Le Bureau national de l’AFPS

21 février 2019