Nouvelles élections israéliennes, un plébiscite raté pour Netanyahou


Au terme d'une campagne électorale durant laquelle le premier Ministre Benjamin Netanyahu a fait montre d'une violence verbale ahurissante à l'égard de ses concurrents et d'un racisme sans limite à l'égard des palestiniens, il n'a pourtant pas remporté la victoire qu'il escomptait. Pas plus ses promesses d'annexer la Vallée du Jourdain que ses menaces d'une nouvelle offensive contre Gaza ne lui auront permis de prendre l'avance nécessaire sur ses rivaux, au premier rang desquels le centriste de droite Benny Gantz, pour constituer seul le gouvernement ultra nationaliste promis à ses alliés d'extrême-droite et autres religieux orthodoxes. Une fois de plus, Netanyahu devra composer avec ses concurrents qui comme en avril dernier obtiennent à peu près le même nombre de sièges que son parti du Likoud. Pas de plébiscite en sa faveur donc et du coup les menaces de poursuites judiciaires pour corruption, fraude et abus de confiance reprennent un certain relief... 

 

Dans l'immédiat, la mise en place d'un nouveau gouvernement israélien risque de prendre un certain temps et tous les coups seront permis entre Benjamin Netanyahu, Benny Gantz, Avidgor Liebermann et leurs alliés respectifs. Une chose reste certaine, l'entente éventuelle de ces trois là se fera forcement au dépend du peuple palestinien et de ses droits légitimes.

(voir à ce sujet le communiqué de l'AFPS daté du 17 septembre publié ci-dessous). Seule satisfaction pour les ami-e-s du peuple palestinien, le retour à un score relativement important de la Liste Unifiée (composée d'une alliance de 4 partis arabes israéliens qui avec 13 sièges redevient la 3e force politique à la Knesset. Cette liste est conduite par Ayman Odeh, né le 1er janvier 1975 à Haïfa, un avocat et homme politique arabe israélien dirigeant du parti communiste Hadash et président de la coalition Liste unifiée...

 

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A lire le communiqué du bureau national de l'AFPS :

Élections israéliennes : pas de place pour les droits du peuple palestinien !

 

Au lendemain des élections israéliennes, et quels que soient l’avenir de Benyamin Nétanyahou et la forme de la future coalition gouvernementale, c’est l’absence d’alternative à la négation des droits du peuple palestinien qui ressort, une fois de plus, des résultats.

Bien sûr, nous saluons les résultats de la Liste unie, regroupant des partis politiques principalement palestiniens d’Israël soutenus par des Israéliens juifs anticolonialistes, qui redevient le troisième groupe parlementaire de la Knesset. Dans son combat pour un État d’Israël qui serait celui de tous ses citoyens, elle aura besoin de tout notre soutien face à l’hystérie raciste anti-arabe qui continue à se développer en Israël jusque dans l’enceinte du parlement israélien.

Mais le principal constat est que les trois principaux partis ayant pour vocation de figurer dans une coalition gouvernementale au pouvoir ont tous inscrit dans leur programme le déni du droit international et des droits du peuple palestinien. Benyamin Netanyahou l’a fait en proclamant son intention d’annexer la Vallée du Jourdain, et même Hébron à la veille de l’élection ; Benny Gantz a promis de ne démanteler aucune colonie, approuvé le contrôle de la vallée du Jourdain et annoncé une position agressive vis-à-vis de Gaza ; quant aux positions d’Avidgor Liebermann, elles sont connues pour leur extrémisme. Le lobby des colons, plus fort que jamais, impose son agenda politique, au profit d’une accélération du projet de dépossession du peuple palestinien.

La société israélienne s’enfonce dans le racisme, l’intolérance et la loi du plus fort. Et, bien sûr, la première victime en est le peuple palestinien. Il subit le blocus et l’enfermement à Gaza, la violence de l’occupation, de la colonisation et des expulsions en Cisjordanie et à Jérusalem, la perte d’espoir dans les camps de réfugiés, et les discriminations en Israël même.

Dans cette situation, la solidarité internationale est essentielle. En tant que citoyens, nous devons agir pour faire absolument cesser l’impunité de l’État d’Israël. L’AFPS sera particulièrement vigilante et à l’offensive face aux mauvais coups toujours possibles, y compris dans la période intérimaire qui précède la formation du nouveau gouvernement.Face aux annonces de Nétanyahou promettant l’annexion de la vallée du Jourdain, la France, l’Allemagne, l’Espagne, l’Italie et le Royaume-Uni ont réagi ensemble pour relever que cette annonce était contraire au droit international. Mais pour sortir de la spirale de l’impunité, du racisme, de la négation de l’existence de l’Autre à l’œuvre en Israël contre les droits du peuple palestinien, les déclarations ne suffisent pas : il faut faire preuve de courage politique et poser des actes forts. Sans cela, parler de Paix n’est qu’un leurre.

Le Bureau national de l’AFPS, 18 septembre 2019

 

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A suivre l'analyse de Dominique Vidal, journaliste et écrivain lors d'un entretien d'une quinzaine de minutes sur le site Regards.fr