Salah Hamouri, une année d'arbitraire et d'injustice !


COMMUNIQUE DE PRESSE DU COLLECTIF NATIONAL "LIBERTE POUR SALAH

 

Un très triste et violent anniversaire…

 

Il y a un an, le 23 août 2017, notre compatriote Salah Hamouri était arrêté en pleine nuit, chez lui à Jérusalem, par l’armée israélienne. Trois jours auparavant il avait prêté serment devant le barreau de Ramallah : il était devenu avocat et allait enfin pouvoir mettre son énergie à la défense des droits humains de ses compatriotes, de manière professionnelle et reconnue.

 

Dans un premier temps, un tribunal décidait de le libérer sous conditions. Cette décision fut rapportée sur le champ du fait de la décision du ministre israélien de la Défense, l’ultra extrémiste Avigdor Lieberman, qui signait de sa main un ordre de mise en détention administrative de Salah Hamouri pour 6 mois renouvelables. Ceci sans inculpation, sans preuves d’une quelconque culpabilité, sans le moindre droit à la défense, sans lemoindre procès. Rien de tout cela. Seulement une décision politique arbitraire.

 

Au bout des 6 mois de détention arbitraire, un autre ordre fut donné : ce sera 4 mois de plus. Puis au bout de ces 4 mois : ce sera 3 mois de plus. Ainsi, depuis un an, notre compatriote est en prison. Pour rien. Du moins

rien qui relève de la Justice et des droits humains.

 

L’objectif de cette décision incroyable et effroyable est parfaitement clair. Après que sa femme enceinte s’est faite expulser d’Israël en janvier 2016 sans justification, et alors qu’un enfant est né de ce mariage, il faut rendre la vie totalement impossible à ce couple de sorte qu’il craque et que Salah Hamouri décide de quitter sa terre et sa ville natale : Jérusalem.

 

Naturellement, un vaste comité de soutien s’est créé, regroupant des milliers et des milliers de personnes de tous horizons unis dans une même exigence de justice. Nous les saluons et les remercions une nouvelle fois en ce jour si triste et violent pour Salah et les siens, sa femme et son jeune enfant.

 

Cette mobilisation n’a pas été vaine puisque le Président de la République, à trois reprises, a demandé à Benjamin Netanyahou la libération de Salah Hamouri en raison du caractère arbitraire et abusif de cette détention. Nous nous en félicitons. Il reste que Salah est toujours en prison et la date de sortie fin septembre peut être illusoire et suivie d’une nouvelle période de détention administrative.

 

Nous continuons donc nos efforts de rassemblement et d’exigence. Une première question se pose : comment est-il possible que la demande du Président français n’ait pas eu le moindre résultat ? Au-delà de Salah Hamouri c’est la France que l’Etat d’Israël humilie et méprise.

 

Pour d’autres français incarcérés ou otages à l’étranger les choses se sont passées bien différemment : les demandes fondées de la France ont été entendues, respectées. Une évidence s’impose donc à l’esprit : dans le cas présent, la demande de la France n’a pas été accompagnée des moyens de sa réussite.

 

En conséquence ce que nous demandons avec force aujourd’hui, c’est que de fermes pressions politiques soient exercées sur l’Etat d’Israël.

 

Monsieur le Président, non seulement notre pays doit être respecté et il doit exiger la libération de notre compatriote mais il doit aussi prendre les moyens de se faire respecter dès lors que des refus injustifiés lui sont

opposés comme c’est le cas aujourd’hui.

 

La libération de Salah Hamouri n’est pas une faveur accordée par Israël à la France mais l’application d’un droit fondamental que l’ONU elle-même a reconnu à Salah Hamouri.

 

Monsieur le Président, si la France n’a pas assez d’influence internationale pour faire libérer une victime de détention arbitraire en Israël pendant sa période d’incarcération, il est de votre devoir de tout mettre en oeuvre – absolument tout – pour que Salah Hamouri sorte enfin de prison fin septembre 2018, à l’issue de sa troisième période successive de détention administrative. Il faut aussi qu’il puisse rendre visite sans délai sa famille en France, c’est-à-dire sans les embûches supplémentaires que sont capables de créer les autorités israéliennes pour retarder sa venue auprès de sa femme et de son enfant qui finalement ne l’auront pas vu depuis 16 mois en cette fin du mois de septembre prochain.

 

Nous appelons le Comité de soutien, tous ses membres et sympathisants, à soutenir avec une force décuplée ces exigences et à les porter à la connaissance des responsables des médias audiovisuels. Ils ont le devoir

d’informer justement et honnêtement nos compatriotes au lieu de faire le silence sur la détention arbitraire de Salah Hamouri, comme c’est le cas depuis un an, créant de la sorte une seconde prison pour Salah, faite d’un

mur de silence. C’est une question d’éthique et de responsabilité.

 

Nous appelons tous les élu-e-s qui se sont déjà mobilisés à poursuivre leurs interventions auprès du gouvernement.

 

Ce jour anniversaire est un jour particulier, marquant un an de violences faites à des citoyens français – à Salah Hamouri et sa famille - par une puissance étrangère, Israël. C’est un triste jour pour la France. Un jour marquant le mépris dans lequel le tient un autre pays pourtant considéré comme ami : l’Etat d’Israël. C’est un jour de saine colère pour toutes les femmes et tous les hommes attachés au droit et à la justice. Ce ne doit pas être qu’un triste jour : ce jour doit marquer aussi la volonté renforcée de toutes et tous, à commencer par vous, Monsieur le Président de la République, la plus haute autorité de l’Etat de gagner ce juste combat.

 

Le Comité de soutien

Paris, le 23 août 2018


En ce triste jour d'anniversaire, Le Courrier de l'Atlas donne la parole à ELSA LEFORT, la compagne de Salah Hamouri, porte-parole de son comité de soutien national en France...

Le 23 août 2017, trois jours après avoir obtenu son diplôme d'avocat, Salah Hamouri, un Franco-Palestinien de 32 ans était arrêté par l'armée israélienne à son domicile de Jérusalem puis placé arbitrairement « sans procès et sans charge » en détention administrative pour six mois, une durée renouvelable indéfiniment comme le prévoit la loi israélienne. Une peine qui a été reconduite plusieurs fois depuis. En cette triste date d'anniversaire, nous avons joint son épouse Elsa Lefort, une Française qui vit en région parisienne. 

Cela fait un an jour pour jour que votre mari est emprisonné en Israël. Comment vous sentez-vous ? 

Je me sens comme quelqu'un qui n'a pas vu son mari depuis plus d’un an. Comme quelqu'un qui ne sait pas quand elle va pouvoir le revoir. En ce jour anniversaire, cela n’est pas évident de se pencher sur ses sentiments quand on lutte quotidiennement pour qu’ils ne nous débordent pas. Un an dans une famille lambda, ça file à toute vitesse. Pour nous, depuis un an, c'est comme si le temps s’était figé.

Néanmoins, comment fait-on pour garder un peu d'espoir ? 

On n'a pas le choix que de continuer à espérer et à dénoncer sans cesse cette injustice. Notre famille vit suspendue à des décisions qui n’ont de « justice » que le nom. Le plus difficile, pour les détenus administratifs (ils sont actuellement 446) et pour leurs familles, c’est d’être dans l’incertitude totale. La seule chose dont nous sommes sûrs, c’est la date du début de notre calvaire. Salah a été arrêté le 23 août 2017. Pour le reste, nous ne savons rien. Les dossiers des détenus sont secrets, nous ne savons pas ce qui leur est officiellement reproché et la date de sortie est toujours incertaine puisque la détention peut être indéfiniment renouvelée.

Et Salah, comment est-il ? 

Salah est quelqu'un de très fort. Mais même si ce n'est pas la première fois qu'il est incarcéré pour des raisons politiques, j'imagine ce qu'il doit ressentir après un an de privation de liberté. Un an sans avoir vu ses proches, son jeune fils et sa femme. J’ose à peine imaginer la torture que cela représente de ne pas voir grandir son enfant.

C'est dur également pour les proches... 

Oui, l’incarcération est une punition collective. C’est particulièrement dur quand on approche la fin de peine, les détenus administratifs et leurs familles espèrent, puis doutent, puis espèrent, puis tombent de haut ou enfin célèbrent la liberté. Cette torture psychologique est redoutable. Salah et moi même espérons qu’il sera enfin libre fin septembre, et que nous pourrons nous retrouver après plus de 16 mois de séparation imposée par l’occupant, mais nous n’avons aucune certitude que cette fois-ci sera la bonne.

Cela fait un an que vous vous battez. Malgré toute l'énergie que vous avez employée, Salah n'est toujours pas libre... 

Effectivement. On lutte tous les jours. En ce jour anniversaire, je ne peux pas m’empêcher de penser que malgré la mobilisation qui a conduit Emmanuel Macron à demander en décembre dernier à Benjamin Netanyahu de libérer Salah, la diplomatie française n’a toujours pas obtenu de résultats. C’est une double injustice que Salah doit affronter : il est incarcéré par la puissance qui occupe la terre de son père et son autre pays, la France, ne le considère pas comme un citoyen à part entière et ne met pas suffisant de moyens pour l’arracher à cette injustice. Chaque jour, ce deux poids deux mesures est de plus en plus insupportable. Au-delà de Salah, c’est la France que l’État d’Israël humilie et méprise depuis un an.

Et pourtant, vous continuez... 

Même si certains pensent que c’est peine perdue, tant que Salah ne sera pas libre, nous ne cesserons pas de demander des comptes à la diplomatie française. Elle a des devoirs envers tous les Français arbitrairement détenus de par le monde, même s’ils s’appellent Salah et même s’ils sont également Palestiniens.

Propos recueillis par Nadir Dendoune

 

https://www.lecourrierdelatlas.com/societe-depuis-un-an-le-temps-s-est-fige--20443


L'article de Pierre Barbancey publié dans le journal l'Humanité ce jeudi 23 août.

 

https://www.humanite.fr/palestine-salah-hamouri-embastille-depuis-un-par-israel-659638