Gaza, au bord du précipice


Le port de Gaza, autrefois source de beaucoup de revenus, désormais contraint par les limites de pêche imposées par les Israéliens © Thomas Cantaloube
Le port de Gaza, autrefois source de beaucoup de revenus, désormais contraint par les limites de pêche imposées par les Israéliens © Thomas Cantaloube

 

DES RESPONSABLES MILITAIRES ISRAÉLIENS ONT RÉCEMMENT TIRÉ LA SONNETTE D’ALARME EN AVERTISSANT QUE LA BANDE DE GAZA ÉTAIT « AU BORD D’UN EFFONDREMENT COMPLET », EN RAISON DE LA DÉTÉRIORATION DES CONDITIONS SANITAIRES, SOCIALES ET ÉCONOMIQUES. APRÈS DIX ANS DE BLOCUS, C’EST EN EFFET LE DÉSESPOIR QUI DOMINE. « NOUS SOUFFRONS DE NE JAMAIS POUVOIR ENVISAGER LE FUTUR », DIT UNE HABITANTE.

 

REPORTAGE DE THOMAS CANTALOUBE DANS LA BANDE DE GAZA POUR LE SITE MEDIAPART...

 

Gaza, de notre envoyé spécial.-  Quand on lui annonce que nous avons l’intention de nous rendre dans la bande de Gaza, le porte-parole du gouvernement israélien soupire, puis nous répond calmement : « Comme vous voulez… Vous allez voir beaucoup de misère et de souffrance. Mais n’oubliez pas : c’est leur responsabilité. Les habitants de Gaza ont choisi le parti de la violence et des terroristes. Nous ne pouvons pas l’accepter et nous devons nous défendre. »

Quelques jours plus tard, nous franchissons le checkpoint d’Erez, immense édifice de béton et d’électronique qui évoque la paranoïa déshumanisée des installations militaires américaines en Irak ou en Afghanistan dans les années 2000. Après un long tunnel de grillage, nous émergeons côté palestinien, dans cette bande de Gaza grande comme trois fois Paris intra-muros, peuplée de deux millions d’habitants cloués sur place, sans possibilité aisée de sortir de ce territoire depuis plus de dix années, lorsque le Hamas en a pris le contrôle en 2007.

On traverse d’abord quelques champs cultivés (oliviers, fraises, haricots verts…) avant d’atteindre les premiers bâtiments, qui occupent la quasi-totalité de la surface de Gaza, en faisant un des lieux les plus densément peuplés de la planète. Bien sûr, l’ambiance n’est pas riante, on imagine d’autres endroits pour faire du tourisme : le gris parpaing des immeubles mal finis, les nombreuses charrettes tirées par des ânes, les rues secondaires en terre constellées d’ornières.

Mais la vie suit son cours, résiliente. Et tant qu’on n’adresse pas la parole aux Gazaouis pour leur demander comment va leur existence, l’illusion se maintient d’être dans n’importe quelle ville pauvre du monde arabe. Il y a des souks, des hôtels, des restaurants, des banques, des embouteillages, les vagues de la Méditerranée qui s’écrasent sur les plages de sable.

Les premières fissures dans ce tableau apaisé surgissent très vite. On observe les pêcheurs qui larguent les amarres et s’éloignent du port en fin de soirée. Ils naviguent sur deux ou trois kilomètres en mer, puis coupent les moteurs pour lancer leurs filets. Normal, ils ne peuvent pas s’aventurer au-delà : leur zone de pêche est restreinte en moyenne à cinq milles marins (9 km).

Nous avons ensuite rendez-vous avec un officiel au treizième étage d’un immeuble : il faut attendre son arrivée, puis qu’un agent de sécurité démarre le générateur diesel, et tout le monde s’entasse dans la cage d’ascenseur. En quittant les lieux, on descend les treize étages à pied avec une lampe de poche. Mi-janvier 2018, le rythme d’approvisionnement en électricité est le suivant : quatre heures de courant, suivies par douze heures de black-out. Parfois, s’il y a six ou sept heures de courant par jour, c’est Byzance. Quand l’électricité arrive dans les foyers, tout le monde se chamaille aimablement pour filer à la douche et bénéficier d’eau chaude.

 

Pour lire la suite de ce reportage édifiant suivre le lien suivant :

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