L’accord Fatah-Hamas est-il « gagnant gagnant » ?


Ismaïl Haniyeh, responsable du Bureau politique du mouvement Hamas - Photo: Archives Info-Palestine.eu
Ismaïl Haniyeh, responsable du Bureau politique du mouvement Hamas - Photo: Archives Info-Palestine.eu

Les factions palestiniennes rivales doivent se rencontrer à Gaza après une décennie d'amères récriminations.

 

Un article de Jonathan Cook en date  du 2 octobre 2017

traduit pour Chronique de Palestine.

http://chroniquepalestine.com/laccord-fatah-hamas-gagnant-gagnant/

 

L’offre du Hamas de se soumettre à un processus de réconciliation longtemps retardé avec ses rivaux du Fatah, indique que l’équilibre des forces régionales pourrait être en sa faveur et contre le président palestinien Mahmoud Abbas, disent les analystes.

Les responsables de l’Autorité palestinienne (AP), dirigés par le Premier ministre Rami Hamdallah, se sont rendus à Gaza ce lundi pour la première fois depuis trois ans, pour mettre à l’épreuve l’engagement du Hamas à participer à un gouvernement d’union.

La première réunion hebdomadaire du gouvernement devrait avoir lieu mardi, une délégation égyptienne supervisant le déroulement des travaux....

L’espoir est que la réconciliation mette fin à une décennie d’une amère dispute entre le Hamas et le Fatah – et à l’ancrage des divisions territoriales entre Gaza et la Cisjordanie occupée.

La plupart des analystes s’attendent à ce que le processus de réconciliation échoue, comme cela a été le cas des tentatives antérieures. La plus grande pierre d’achoppement sera vraisemblablement les élections promises depuis longtemps. Les sondages laissent entendre que le Hamas l’emporterait à nouveau à Gaza et en Cisjordanie.

Néanmoins, l’évolution de la situation est célébrée par les responsables de l’Autorité palestinienne comme une victoire pour Abbas, le chef du Fatah, après que celui-ci ait imposé des sanctions sévères à l’encontre de Gaza au cours de l’été, tentant ainsi d’affaiblir le Hamas pour avoir mis en place une administration parallèle.

Pour lire la suite de l'article : http://chroniquepalestine.com/laccord-fatah-hamas-gagnant-gagnant/


Un autre article fort intéressant sur la même question publié par Mediapart

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Le Fatah et le Hamas peuvent-ils se réconcilier?
PAR THOMAS CANTALOUBE
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A Gaza, les frères ennemis palestiniens tentent la cohabitation

Serge Dumont, Tel-Aviv
Publié lundi 2 octobre 2017 par LE TEMPS.CH

Des fonctionnaires de l’Autorité palestinienne sont de retour dans l’enclave contrôlée par les islamistes du Hamas dix ans après en avoir été chassés.

 

Dix ans après en avoir été chassée de Gaza par le putsch du Hamas lancé en juin 2017, l’Autorité palestinienne (AP) y a officiellement repris pied ce lundi. Pour effectuer une transition en douceur avec l’organisation islamiste.

Qualifié d'« historique » par la presse locale qui vante « l’unité enfin retrouvée du peuple palestinien », l’événement s’est concrétisé par la visite en grande pompe dans l’enclave palestinienne du premier ministre de l’AP, Rami Hamdallah, de la plupart des membres de son gouvernement, ainsi que de 460 hauts fonctionnaires, membres des services de renseignement et policiers. « Nous venons ici pour conclure la réconciliation, favoriser l’unité nationale, mettre fin à un processus douloureux, et reconstruire Gaza brique par brique », a déclaré le chef du gouvernement de Ramallah après avoir été chaudement accueilli par quelques milliers de Gazaouis.

 

Le rôle de l’Egypte

Dans son allocution, le premier ministre de l’AP a également remercié l’Egypte à plusieurs reprises puisque ce pays a, depuis 2011, été la cheville ouvrière de la réconciliation en cours de concrétisation. Ces derniers mois, les contacts entre de hauts gradés de ses services de renseignement avec la direction du Hamas se sont d’ailleurs multipliés alors que Le Caire exerçait de fortes pressions économiques sur la population de l’enclave afin de faire plier l’organisation islamiste.

 

Un long chemin à parcourir

Resté à Ramallah, Jibril Rajoub, le secrétaire général du comité central du Fatah, le parti du président palestinien Mahmoud Abbas, a cependant tenu à rester prudent quant à la suite des événements. « La journée que nous venons de vivre est hautement symbolique pour tous les Palestiniens et même pour les Israéliens puisqu’ils n’auront plus désormais qu’un seul interlocuteur face à eux. Mais rien n’est encore joué, ce sera long et compliqué. Des ruptures sont toujours possibles. » Et de poursuivre: « Mais il faut y croire. Même si ce sera long et difficile, le but final est bien de créer une situation dans laquelle un seul système exécutif, législatif et social, une seule justice et une seule police s’appliqueront à l’ensemble de la Cisjordanie et de Gaza. »

 

Pour l’heure, une visite à Gaza du président palestinien Mahmoud Abbas n’est pas encore à l’ordre du jour même si son entourage confirme que l’idée est dans l’air. «Tout dépendra du tour que prendra la réconciliation», dit-on.

Une «mascarade» selon les Israéliens

A contrario, à Jérusalem, la plupart des commentateurs israéliens affichent le plus grand scepticisme vis-à-vis du processus en cours. Interviewés par la radio publique, certains le considèrent d’ailleurs comme une «mascarade dictée par les circonstances». A les entendre, l’AP serait en effet tombée dans un piège en acceptant de se charger du «sale boulot» – celui de remettre l’enclave gazaouie en état – alors que le Hamas garderait sa branche armée forte de 15 000 à 20 000 hommes et jouerait un rôle semblable à celui du Hezbollah au Liban.

 

Quoi qu’il en soit, la réunification palestinienne en cours n’assouplira pas dans l’immédiat le blocus israélien de la bande de Gaza. Pas plus qu’elle n’interrompra la construction de la nouvelle «barrière de sécurité» souterraine censée empêcher les tunnels du Hamas de déboucher dans l’Etat hébreu.